En 2024-2025, une nouvelle certification en Agriculture Biologique est disponible pour le sel, et ceci entraîne quelques changements pour nous, mais aussi l’envie de partager quelques informations sur le sujet.
Une nouvelle certification trompeuse pour le sel
Auparavant, le sel n’était pas “certifiable” en Agriculture Biologique (AB). D’autres certifications permettaient cependant déjà d’y voir clair dans la production : seuls les sels produits artisanalement, récoltés manuellement, pouvaient être certifiés par exemple IGP Sel de Guérande ou Nature et Progrès.
Après des années de débats dans la filière, la certification AB est désormais disponible pour le sel. Malheureusement le cahier des charges est très insatisfaisant : il est conçu pour les filières industrielles, et ne valorise pas du tout les production artisanales. La majorité du sel produit en France est issu de salins industriels, notamment en Méditerranée.
Et une partie de cette production industrielle est désormais certifiable en Agriculture biologique…
Si le sel AB ne peut pas être raffiné ni recristallisé et doit utiliser une énergie renouvelable pour le séchage, le label reste laxiste et permet une récolte mécanisée sur surfaces artificielles (bétonnées), des opérations de pompage, lavage, séparation mécanique, et tolère l’ajout d’iode et la mixité avec des productions non bio dans les lieux de transformation.
Le label AB sur le sel apporte donc finalement assez peu de garanties et brouille la lisibilité pour les consommateurs.
Seules des certifications comme Nature et Progrès permettent donc de continuer à trouver du sel issu de l’artisanat salicole.
Provenance du sel dans nos produits et étiquetage
Nous utilisons depuis plusieurs années le sel de Cyrille Baud, artisan paludier à Bouin en Vendée : les salins de l’Isle d’Orée. Sa production est certifiée Nature et Progrès.
Comme ce sel n’est pas certifié AB, la législation sur notre étiquetage change : nous ne pouvons plus apposer le logo AB sur nos étiquettes de sel aux plantes.
Le logo AB disparaitra donc progressivement de nos étiquettes de sels aux plantes, à partir de septembre 2025. Il sera désormais précisé dans les ingrédients que les plantes sont bio, et que le sel est certifié Nature et Progrès. Nos sels aux plantes conservent évidemment le logo de la mention SIMPLES.
Matière première non locale ?
On nous demande souvent pourquoi nous ne choisissons pas des productions plus locales, notamment à cause de la proximité des salins de Gruissan à quelques kilomètre de chez nous, dans le Golfe du Lion. Le sel est même certifié AB, nous pourrions ainsi conserver le label AB sur nos produits tout en intégrant une matière première locale. Malheureusement, ce sel n’est pas récolté manuellement.
Dans notre métier de paysans, nous privilégions les savoir-faire manuels et nous cherchons toujours à limiter l’usage et l’impact des véhicules à moteur thermique. Mélanger nos plantes avec du sel ramassé au tractopelle n’aurait pas beaucoup de sens pour nous. Il suffit de visiter une fois un salin traditionnel pour comprendre la beauté et la technicité de ce métier, et ne plus vouloir consommer que du sel marin de l’Atlantique récolté manuellement !
Il est donc bien plus évident pour nous de travailler avec un artisan paludier, et une certification sérieuse.
Notre sel vient donc d’un peu plus loin, et c’est un choix parfaitement conscient.
L’impact du transport est limité par le fait que Cyrille répond tous les ans a une commande groupée de plusieurs paysans et paysannes des Corbières : deux palettes sont livrées en même temps, pour des producteurs de spiruline, des éleveuses et éleveurs (caprins, ovins, bovins) qui les utilisent pour leurs fromages et pour les pierres à sel des animaux, des paysans boulangers etc… et nos sels aux plantes !

Crédit photos (image en tête d’article et ci-dessus) : Cyrille Baud, ses salins en Vendée.
Lire à propos de la certification du sel :
- Un article de Reporterre : Bataille autour du sel bio : les industriels veulent profiter du label (2023)
- Lettre ouverte d’Ecocert à l’INAO : Opposition à la certification du sel biologique en France (2023)
- Un article sur les différents label : Pourquoi les labels Nature & Progrès et IGP sont plus exigeants que le nouveau label AB

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