Les alcoolatures

Les alcoolatures

Vous pouvez trouver sur la boutique une gamme d’alcoolatures : Echinacée, verveine, mélisse, bardane, sarriette, etc.

L’utilisation des alcoolatures constitue un avantage de simplicité et de praticité, car il suffit de mélanger le nombre de gouttes recommandé dans un peu d’eau, et de consommer 2 ou 3 fois par jour.

On consomme l’alcoolature sur des périodes courtes, traditionnellement jusqu’à 3 semaines, mais on peut adapter la durée du traitement en fonction des plantes et du soin recherché, avec l’aide de son médecin notamment.

 

 

Alcoolatures, kesako ? Et pour quoi faire ? On vous explique tout !

Les alcoolatures sont des compléments alimentaires réalisées par macération de plantes fraîches dans un mélange d’eau de source et d’alcool bio durant 21 jours, on les nomme aussi teintures mères.
L’eau et l’alcool constituent ce qu’on appelle le solvant hydro-alcoolique. Il s’agit d’un des solvants les plus efficaces pour extraire les substances actives des plantes. Le degré d’alcool (titre alcoolique) utilisé est important, car toutes les substances ne sont pas solubles de la même manière. Nos alcoolatures respectent donc le titrage préconisé par l’ANSM en fonction des plantes, ce qui permet de maximiser l’extraction des principes recherchés.

La partie de la plante est bien sur sélectionnée en fonction des propriétés recherchées, fleurs, feuilles, partie aériennes, rhizomes ou racines doivent être sélectionnées rigoureusement. Parfois deux parties de plantes sont utilisées, ainsi la teinture de plante entière d’Echinacée réunit la teinture des racines prélevées hors saison et celle des fleurs récoltées durant l’été.

Les alcoolatures sont une forme galénique très intéressante pour profiter simplement et au maximum des propriétés médicinales des plantes, et possède l’avantage de pouvoir être réalisée directement par les producteurs, de façon artisanale.

 

Comme pour nos tisanes, les plantes sont récoltées soigneusement à la main dans les Hautes-Corbières en Occitanie, dans notre ferme ou en milieu naturel, sur des sites sélectionnés loin de toute pollution, pour vous garantir des plantes d’une qualité parfaite.

L’alcoolature est préparée juste après la cueillette, avec des plantes encore vibrantes et pleines de vie. Elles sont hachées finement à la main, déposées dans des bocaux en verre et couvertes de solvant dans des proportions précises. L’objectif est de réaliser un produit normalisé qui respecte le ratio traditionnel de 1:10 c’est à dire que 10g d’alcoolature équivalent à 1g de drogue sèche.

Comme les alcoolatures sont réalisées avec des plantes fraîches, l’eau présente dans la plante doit être prise en compte pour ne pas fausser le calcul. Un échantillon de dessiccation est donc réalisé systématiquement pour connaître le taux d’humidité précis de la plante mise en oeuvre, et permettre de rectifier le titre de l’alcoolature le plus rapidement possible en début de la macération.

 

Durant la macération, les alcoolatures sont stockées à l’abri de la lumière et dynamisées régulièrement. Après 3 semaines, on récupère le solvant par filtration et pressage, avant de le stocker dans des bouteilles en verre brun, hermétiques aux UV.
Le produit peut alors se conserver plusieurs années, et le flaconnage est effectué au fur et à mesure des besoins.

Si le produit est réalisée dans les règles de l’art, il est normalisé et permet de trouver toujours la même quantité de principe actif par prise, quelque soit le producteur ou le laboratoire qui vous le procure.

 

Quelle alcoolature pour quels usages ?

Les informations que l’on peut vous donner sur l’utilisation des plantes, en tant que producteur, est très encadrée. Vous trouverez sur chaque fiche d’alcoolatures les allégations de santé autorisées par les autorités européennes (législation européenne sur les compléments alimentaires -CE n° 1924/2006).

Voilà un petit résumé pour vous y retrouver :

 

  • Aubépine : la plante du cœur : on y fait appel dans le cadre de troubles du système nerveux et du système cardio-vasculaire.
  • Chiendent : Le chiendent est une plante qui favorise l’élimination de l’eau.
  • Echinacée : Contribue au bon fonctionnement du système immunitaire.
  • Grande bardane : soutient les fonctions d’élimination de l’organisme et la purification du sang. Aide à maintenir une peau saine
  • Mélilot :  favorise la circulation sanguine et lymphatique. Il est utile pour les jambes lourdes.
  • Mélisse : Aide à la relaxation, diminue les tensions et l’irritabilité. Aide à soutenir la digestion
  • Millepertuis : Contribue à l’équilibre émotionnel. et aide à maintenir une humeur positive.
  • Pensées sauvages : La pensée est une plante majeure de la peau et ses problèmes.
  • Sarriette : augmente les défenses naturelles. C’est une plante antioxydante et un tonique général.
  • Sauge : La sauge est une plante réputée lors de la ménopause. Mais elle possède aussi des propriétés digestives.
  • Tulsi : C’est une plante qui renforce l’organisme, maintient la vitalité et l’immunité. Elle aide aussi à maintenir la résistance au stress
  • Verveine : C’est une calmante digestive (vésicule, intestins), elle aide aussi durant le cycle pré-menstruel
Le juste prix (4/4)

Le juste prix (4/4)

Pour conclure ces réflexions sur les tarifs et les produits paysans, je me penche en quelque sorte sur mon cas…

Faites ce que je dis pas ce que je fais, bienvenue au club et suivez mon regard

Toutes ces questions m’animent depuis le début. J’en parle souvent, j’essaye de travailler autour de moi pour faire réfléchir et travailler collectivement sur ces sujets, j’en parle avec mes clients, mes collègues, mes amis…

Malgré ça je me suis quand même trompé. J’ai fait pleins d’erreurs. J’ai mal calculé, oublié des choses, trop “tiré vers le bas”, oublié des taxes, j’ai fait presque toutes les erreurs possibles. Malgré mes efforts j’ai été victime d’un effet d’ancrage en regardant des prix pratiqués autour de moi, en voulant faire au plus abordable, en ménageant la chèvre et le chou.

L’effet d’ancrage est un biais cognitif qui contraint nos prises de décision à une information reçue en amont de la réflexion. Voir cette vidéo, sur cette excellente chaîne Youtube, qui présente ce drôle de mécanisme utile à connaître.

Bien sûr, c’est plus compliqué qu’une erreur de jugement. On s’inscrit dans un marché, il y a des collègues qui proposent déjà des plantes, et on regarde forcément les tarifs autour de soi. Et il y a la perception des consommateurs, ceux qui n’ont pas trop l’habitude de boire des plantes en infusion, qui ont l’habitude du tarif de la plante importée, plantée à la planteuse, récoltée à la récolteuse, ensachée à l’ensacheuse. Et puis il faut bien trouver l’équilibre entre les idéaux et les pouvoirs d’achats !

Il faut aussi trouver l’équilibre pour soi, mais ça je l’ai oublié. On peut faire un calcul, se rendre compte qu’on n’y est pas, puis décider de ne pas suivre le résultat, fermer les yeux pendant un temps.

Désormais j’ai un peu plus de recul, un peu plus d’assurance peut être, et c’est plus facile de reconsidérer les choses sous un prisme plus logique. J’ai entendu dire un jour “Bon la vie est dure, cette année, j’augmente mes tarifs ! Mais bon, ça fait 10 ans que je dis ça, et je les change jamais…”. Moi aussi je préférerai ne pas avoir à changer quoi que ce soit. Mais finalement la nécessité de faire cet effort inconfortable tient aux nombreuses raisons que l’on a vu.

Au cœur de l’hiver, propice aux analyses, aux réflexions, je réalise que pour garder la même qualité, la même attention, continuer à produire dans les mêmes conditions, et garder le plaisir de produire chaque sachet, je dois revoir mes tarifs.

Je me trouve face à ce choix et à cet équilibre subtil à trouver entre mes valeurs paysannes, la valeur que je donne à mon travail, et à mon cadre de vie. En étudiant toutes les possibilités, je me fixe des limites : non seulement je ne ferais pas baisser la qualité de mon travail, mais je veux chercher à m’améliorer sous tous les aspects, en terme agronomique, en terme d’accueil sur la ferme, en connaissances sur les plantes, sur la finesse des produits, sur leur disponibilité, sur l’élargissement de la gamme. C’est ce qui fait le sens de mon métier.

Ha le bon look d’herboriste !

Mon engagement, c’est de fixer les prix avec toute la cohérence que j’ai exprimée ici, et de toujours limiter mes coûts de production à ce qui est nécessaire : faire de la qualité, poursuivre mes valeurs mais faire toujours simple. Et chercher à vous proposer mes plantes au plus juste prix, pour vous et pour moi.

En boutique

De mon point de vue, le travail de commerçant a une véritable valeur : il sélectionne, informe, propose une diversité de produits, gère un stock. Pour moi, c’est normal que le produit soit plus cher chez lui, le commerçant y apporte sa valeur.

Mais en réalité ça ne fonctionne pas comme ça. Concrètement, certains professionnels veulent proposer mes produits chez eux, au même prix que moi sur le marché du vendredi, mais en faisant une marge de 40 ou 50% dessus… Ce qui signifie que je devrais soit perdre la moitié de la valeur de mon produit, que j’essaye pourtant de vendre au prix juste, soit multiplier son prix par deux pour pouvoir faire une réduction dessus. Les deux solutions me paraissent un peu injustes !
Bien sur un professionnel achète souvent beaucoup de stock, donc il y a des réductions, mais de là à ne pas se payer à la fin…

Dans notre petite vallée, éloignée de tout, je dois pouvoir compter sur des professionnels pour proposer mes plantes largement autour de moi, les apporter en ville là où j’aime penser qu’elles ont quelque chose à apporter, de réconfort, de contact avec la nature.

Alors là aussi, il a fallu trouver un équilibre entre mon prix public et le prix boutique. Je pourrais appliquer une réduction honnête de 25% aux professionnels sur mes prix de vente, comme dans la plupart de mes boutiques de producteurs. Au delà, le prix de vente en boutique devra être un peu augmenté pour que la marge du revendeur augmente.

En conclusion

Chaque territoire est différent, chaque projet est différent, les personnes, les charges, les investissements, les méthodes de production, l’engagement global de la ferme, les familles ne sont pas les mêmes. Mes collègues proposent des plantes à des tarifs divers, qui reflètent leur vision, leur réalité et leurs engagements. Relativisons tout : on peut privilégier un tarif très abordable sans mettre sa ferme en péril, ou des tarifs plus élevés qui ne doivent pas pour autant faire peser de doutes sur le respect du consommateur et sur la justesse du prix. De nombreux facteurs sont en jeu, on aura pu voir que le sujet est complexe, et en ce qui me concerne s’il y a bien un sujet délicat c’est celui-ci.

En tant que consommateur, cela m’intéresse et me réjouit de comprendre comment fonctionne un système. J’aime en découvrir les différents aspects, je suis curieux de nature et je trouve vertueux d’analyser le métier des gens autour de moi et leurs activités.

Alors j’émets le souhait d’arriver à vous montrer et vous expliquer toujours mieux comment pensent et fonctionnent les petites feuilles. Sur les prix, comme sur tout le reste, je resterai attentif et vigilant à vos remarques pour continuer à répondre à vos attentes de qualité et d’exigences de mon mieux et en toute transparence !

Le juste prix (3/4)

Le juste prix (3/4)

Les gens ne l’achèteraient pas

Fixer des prix, ça se fait en fonction de ce que l’on estime pouvoir produire, des investissements que ça représente, du temps de travail un peu, et malheureusement beaucoup de ce qu’on observe autour de soi. Une remarque systématique chez les producteurs de plantes, c’est de dire “oui c’est ça que ça devrait coûter.. mais à ce prix là.. les gens ne l’achèteraient pas”. Cette phrase est terrible, et condamne à faire un choix : perdre en qualité, se sacrifier en partie ou cesser de produire. Trois options qui n’en sont pas lorsqu’on milite pour le développement d’une agriculture paysanne.

En fait, on a tous envie que nos prix soient le plus accessible possible. Parce que l’objectif d’un paysan c’est de faire un produit de qualité et de pouvoir le proposer localement au prix qui convient au plus grand nombre. Pas d’en faire un produit de luxe ou de “surfer sur la vague du bio” (oui on entend de tout).

L’objectif, c’est avant tout d’équilibrer sa ferme, de gagner en autonomie et lorsque ça fonctionne, pas besoin d’en faire plus. Au delà, c’est le temps qu’on donne aux autres, le temps associatif, le temps militant, et le temps de vivre. On mène des vies peu dépensières, on se satisfait de choses simples. En herboristerie, on sait qu’on ne compte pas nos heures, on sait que c’est beaucoup de travail et des petits chiffres d’affaires. Cet état d’esprit résiste d’ailleurs assez bien à l’analyse, au point qu’une étude économique de France Agrimer qualifiait en 2018 les paysans herboristes de “gagne-petit” (1).

Cette étude de FRANCE-AGRIMER propose un tour d’horizon des diverses réalités des métiers de producteurs, et d’herboristes. C’est à mon avis un document de grande valeur pour en comprendre les spécificités, les enjeux économiques et sociaux.

Je me souviens du mécontentement et de la colère outrée de certaines productrices et producteurs, lors de l’AG des simples en 2019, à la lecture de ce chapitre III A p.53 intitulé “Une économie du gagne-petit”. L’impression d’être moqués, déconsidérés. Pourtant, malgré ce titre désagréable, la réalité est bien là : certains producteurs se contraignent eux même à vendre à des prix qu’ils considèrent totalement sous estimés.

C’est impossible à ces tarifs-là. Le temps que vous mettez pour ramasser ce thym, le tamiser plusieurs fois, tout ça pour 3 ou 4 €, ce n’est pas possible. C’est fou.

Extrait de l’étude France-Agrimer

Bien sur, cette vie simple nous la choisissons par passion, par conviction. Dans la plupart des cas, la situation n’est pas subie, parce que nous aimons ce que nous faisons. Je rassure mon entourage et moi même, oui je travaille parfois 300h par mois, mais tellement d’heures pieds nus à récolter des fleurs, à me promener en montagne pour cueillir, à découvrir ou à apprendre. C’est un métier merveilleux.

Un cadre de travail qui fait relativiser.

Quand on a dit ça, reste la réalité, les charges de l’entreprise, les besoins faibles mais réels du foyer. Reste les temps pas drôles, le travail de gestion, le bureau, la compta, et tout ça n’est pas anecdotique.

Finalement, considérer qu’on est “toujours en vacances” pour accepter qu’on est payé 2 fois moins pour travailler 2 fois plus, c’est parfois une bonne excuse pour ne pas regarder la réalité en face : nombreux sont ceux qui bouclent chichement les mois au RSA ou à la prime d’activité.

Donc on en est là, dans cette économie joyeuse où le prix d’une tisane paysanne produite biologiquement avec soin, dans le respect de la nature et du consommateur, dans l’apprentissage constant et le partage de savoirs faire ancestraux, dans l’exercice d’un métier complexe à bien des égards, ne pourrait pas dépasser le montant d’un coca en terrasse, sous prétexte que “les gens ne l’achèteront pas”.

Voilà…! Dans ce contexte de réflexion, je me pencherai demain sur mon cas personnel en vous expliquant comment j’ai réussi à passer à coté de tout ce dont je viens de parler dans ces 3 articles…

Le juste prix (2/4)

Le juste prix (2/4)

Une agriculture subventionnée, mais pas complètement

Une grande partie de notre agriculture est subventionnée par la Politique Agricole Commune, qui rémunère les agriculteurs au prorata des surfaces travaillées. Dans ce système, plus on déclare de surface, plus on a de subventions.

Donc les grandes exploitations subventionnées (productions animales, grandes cultures) ont des prix de vente qui ne reflètent pas du tout le coût réel de production. J’ai une collègue qui se faisait interpeller sur les prix de ses saucisses au marché. Alors je lui ai demandé si elle était supérieure au tarif « classique ».

“Pas trop, un peu parce que c’est cher à l’atelier sur ce produit, mais en fait je suis incapable de dire combien ça devrait coûter. Je le calcule même pas parce que ça ferait peur tellement on s’y retrouve pas. On se paye à la PAC et voilà.”

Les fermes qui nécessitent le moins de surface (maraîchage, plantes médicinales) ne sont pas subventionnées et doivent donc tirer leur revenu de leur seul prix de vente. C’est une notion à garder en tête lorsqu’on fait son marché…

Le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne définit les bases de la PAC en son titre III, qui traite de l’agriculture, et l’article 39 lui assigne cinq objectifs précis :
– accroître la productivité de l’agriculture en développant le progrès technique et en assurant une utilisation optimale des facteurs de production, notamment de la main d’œuvre
– assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, notamment par le relèvement du revenu individuel de ceux qui travaillent dans l’agriculture
– stabiliser les marchés.
– garantir la sécurité des approvisionnements
– assurer des prix raisonnables aux consommateurs.

Ce qui pourrait être un système vertueux contraint en fait les producteurs à tous suivre un même modèle agricole (les fermes sur grandes surfaces) alors que les enjeux aujourd’hui sont ailleurs : développer de nombreuses petites fermes, multiplier les paysans et les systèmes vertueux, relocaliser l’économie.

S’assurer collectivement que pas une seule ferme ne disparaisse

Assurer la viabilité de sa ferme (l’équilibre économique) et la vivabilité (l’équilibre moral et physique du fermier), c’est bien sûr souhaitable d’un point de vue personnel. Mais c’est en fait indispensable pour toute la société.

La paysannerie doit se donner tous les moyens de survivre face à la mondialisation, aux prix indécents de l’industrie agro-alimentaire qui fait baisser les prix en rayons, dans un artifice qui produit de la pauvreté chez les producteurs et une fausse qualité de vie chez le consommateur, quand toute la société paiera ensuite les faillites, les impacts environnementaux ou de santé publique. Veut-on vraiment payer bon marché des produits qui nous rendent fous et malades ?

Les paysans doivent être mobilisés sur ce sujet : s’assurer collectivement que pas une seule ferme ne disparaisse, favoriser la création de milliers d’autres, garder les savoir-faire, les outils de production, des campagnes vivantes pour sécuriser l’alimentation de nos territoires. L’enjeu est primordial, ça n’est même plus une question politique, c’est un enjeu de civilisation, et malheureusement on est loin du compte.

On a donc là une responsabilité globale et un objectif commun qui nécessitent de bien calculer, des jugements éclairés et des engagements personnels. Assurer la viabilité du tissu économique agricole est un devoir moral. Bref : c’est une histoire sérieuse, ne déconnons pas avec les prix !

Pour finir, je ne crois pas que beaucoup de producteurs décident de jouer sur la qualité, d’en faire une variable d’ajustement. Ça me parait peu probable, quand on aime son métier et qu’on à acquis un savoir faire, se dire à un moment donné “je vais bâcler ça et ça ira mieux”.

Mais parfois, on croise des agriculteurs qui pour des raisons économiques ont pris des décisions qui les éloignent de certains idéaux. Je ne sais pas si c’est dommage, mais ça existe. Ce qui est plus triste c’est d’en voir certains qui ne peuvent plus faire marche arrière et changer leurs méthodes, quand bien même leurs façon de travailler les rendent malheureux ou malade. Souvent le prix de vente n’est pas maîtrisé, fixé par la coopérative, et l’entreprise croule sous les dettes. Dans ce contexte, les options ne sont pas innombrables : On peut perdre en qualité, se sacrifier ou cesser de produire. Dans les pires des situations, les 3 sont consécutifs ou simultanés.

Dans les milieux paysans, pour maintenir la qualité et poursuivre rêves et passion, la marge de manœuvre des producteurs se situe donc souvent au niveau des tarifs et au prix d’une servitude volontaire…

On poursuit demain !

Le juste prix (1/4)

Le juste prix (1/4)

Je veux vous parler aujourd’hui d’un sujet compliqué et important. Il s’agit de prix et de valeurs. Des valeurs pas que monétaires, des valeurs de mon métier et des valeurs paysannes.

Aujourd’hui je vous parle de tarifs et de paysans !

Je l’explique autour de moi sans relâche, aux collègues, aux porteurs de projets ou aux stagiaires qui me font l’honneur de venir me voir : “Il faut bien calculer ses prix, faites le correctement !”

Il y a plein de raisons pour lesquelles c’est important de bien calculer ses prix. D’abord il y a l’équilibre économique de la ferme. C’est basique, ça semble évident, mais vous allez voir que ça n’est pas si simple.
Ensuite, dans un contexte général de défaillance des marchés économiques (défaillances liées à la mondialisation, corrélées à la sur-exploitation des hommes et de la nature, aux inégalités sociales), où plus personne ne connaît plus le prix de rien, il y a une absolue nécessité à se réapproprier collectivement les valeurs économiques et morales des choses pour construire un avenir plus durable. Le prix doit donc refléter ce qui est juste pour le producteur, et juste pour le consommateur.
Enfin il y a le respect des autres acteurs et de leur travail, une “attention au marché” qui consiste à accepter que dans la vraie vie, la concurrence libre est parfois faussée. J’aime illustrer ça en radotant une anecdote que je ne résiste pas à vous servir.

L’éleveur, la tomate et le maraîcher

En 2018 à la fête paysanne de l’Aude, je discutais avec un maraîcher et un éleveur des prix pratiqués sur les marchés, à la biocoop etc. L’éleveur disait “moi en fin d’été j’ai pleins pleins de tomates je sais pas quoi en faire ! Je les met à 1,5€ le Kg derrière mon stand de fromage et hop ! ça part super bien.

Stupéfaction du maraîcher.
Ce dernier a dû un peu mettre les pieds dans le plat pour expliquer que ça posait un petit souci. L’éleveur est loin d’un directeur de supermarché ou d’une plateforme d’agribusiness, c’est un vrai paysan engagé, il connaît les problématiques de nos métiers et tout… Et il ne réalisait pas que ça pouvait faire du tort à ses collègues sur le marché.

Parce que le client lui ne comprend pas : pourquoi quelqu’un arrive à vendre des tomates à ce prix là, et pas le maraîcher ? D’autant qu’il devrait être plus spécialisé et donc moins cher, et en plus lui il n’a pas du fromage à faire !

Et bien parce que l’éleveur touche sûrement la PAC, qu’il a du fumier à volonté et ça doit aller bien pour les tomates, que faire 25 Kg de tomates ne représente pas le même investissement et le même travail que produire et en distribuer 900Kg, et que les tomates c’est plus simple à faire que les carottes. L’équilibre de sa ferme est assuré par ailleurs : tomates ou non il s’en sortira.

Mais pas le maraîcher. Alors le maraîcher, lui, a calculé le prix de ses tomates au plus juste et le prix qu’il les vend reflète une réalité qui ne se limite pas à penser “à ce prix là ça va partir”.

Heuu.. 73 ?!

J’aime bien cette histoire parce qu’elle montre que la réalité des fermes est très différente, que fixer des prix c’est compliqué, et pourquoi on devrait tous (producteurs et consommateurs) regarder le prix des choses là où ce prix fait vivre, dans des conditions de production correctes. C’est l’acte ultime de consommation responsable : pousser la proximité avec les producteurs au point de comprendre comment ils fixent leurs prix. La question qu’il faut se poser c’est « sur ce système, a t-on la même qualité, la même quantité, la même diversité que sur celui là ? »

Inutile de dire que l’histoire est la même avec le vigneron à la retraite qui vend 9 sachets de sauge officinale à 3€ les 50g sur le marché, ou la gentille dame qui propose des accessoires en laine à prix coûtant juste pour s’amuser le week-end à coté de l’artisane qui fait des vêtements et paye des charges depuis 12 ans. C’est pas cher, mais ça ne rime à rien et ça décrédibilise le travail de tout le monde.

Quand on fixe un prix, on devrait regarder ce que font les autres et comprendre ces choses là. C’est ça que j’appelle “l’attention au marché“. C’est une vision peu compatible avec le concept selon moi largement dépassé de main invisible (qui théorise que les actions des acteurs économiques, guidées uniquement par l’intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun). Car particulièrement en agriculture, les prix ne sont pas toujours ce que l’on croit, et tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Sans compter qu’un enjeu de société se cache derrière.

Nous allons aborder ce sujet demain dans un prochain article !

Un tour autour du soleil

Un tour autour du soleil

« La vie est très chère mais, pour ce prix-là, on a droit chaque année à un voyage gratuit autour du Soleil. »

Albert Einstein

On est en Mars 2020, et les Petites feuilles ont fait leur première saison complète, une révolution, un tour autour du soleil !

Et si je vous parle de ça, c’est parce que j’arrive doucement mais sûrement sur une rupture de stock saisonnière !

La saisonnalité, ça n’est pas juste une histoire de climat, de bons moments pour semer, planter, récolter ou dormir ! Toutes les activités agricoles s’articulent autour des saisons, et l’organisation du travail au fil du temps est contrainte par les possibilités du calendrier naturel.

Toutes les productions ont une saisonnalité, et des tomates aux fromages de chèvres, il faut savoir adapter sa consommation. Bien sur, en cherchant bien on trouve de tout tout le temps, serres chauffées, désaisonnement des troupeaux, productions délocalisées, toutes les techniques de sioux sont possibles (et à boycotter généralement).

Le désaisonement, ou contre-saison, c’est quand on change le cycle naturel de reproduction d’un troupeau

L’avantage d’un produit stabilisé (séché, en bouteille, en conserve) c’est qu’on peut l’avoir toute l’année. Pourtant en fonction de la durée de conservation, des dates de récoltes et du stock, on peut se retrouver coincé.

Pour moi la saison de récolte commence doucement en février / mars pour se terminer fin octobre. Le pic de récolte est en juin / juillet. C’est à partir de cette période que presque toutes les plantes ont été récoltées au moins une fois, et que l’on peut commencer à faire des mélanges avec les plantes de l’année.

La cahier des charges SIMPLES, que j’applique pour ma production et ma transformation, fixe comme date limite de consommation pour les parties aériennes une date inférieure ou égale à 18 mois après la récolte (la majorité des plantes que je propose sont des parties aérienne, les racines peuvent avoir des durées plus longues mais sont réservées à la maison ou pour les tisanes sur mesure).

En 2019, j’avais fixé mes DLUO (Date Limite d’Utilisation Optimale) à 12 mois. C’est trop peu, car les plantes se conservent correctement bien plus longtemps. Et puis il y a forcément une période délicate pour la commercialisation : dès que l’on approche de la récolte d’une plante (donc 12 mois après la récolte de l’an dernier si vous suivez bien) on a en stock des plantes dont la DLUO est trop proche pour être commercialisé, ou dépassée.

Au passage, des plantes trop vieilles (celle qui n’ont plus de goût, qui sont toutes grises) vont bien sur au compost, et pas à la poubelle. Sans compost à la maison, ça fera un super paillage pour des pots de fleurs ! En tout cas, pas de risque à les consommer, à part de se payer une tisane un peu tristounette.

Pour la saison 2020, je vais fixer toutes mes DLUO à 18 mois. Même comme ça c’est parfois complexe avec les tisanes composées, car le mélange prend alors la DLUO de la première plante cueillie ! Par exemple mon mélange Prélude contient du Romarin récolté en février / mars et des méditerranéennes qui peuvent arriver tard dans la saison (j’ai déjà fait des coupes en octobre ou novembre).

La première plante récoltée en mars + 18 mois, on arrive tout pile à la fin de la récolte de l’année suivante ! Ça veut dire que les derniers Préludes auront une DLUO trop courte.

Allez je fais un petit dessin (mais sur excel bien sur, passion tableur oblige) : En bleu la récolte de l’année, en vert la période de disponibilité par rapport aux dernières plantes nécessaires et à la DLUO.

Et vous imaginez l’angoisse avec une DLUO 12 mois ? La moitié de l’année sans Prélude !!

Bon j’avais vu un peu venir le problème et j’ai fait des exceptions, mes Préludes 2019 ont des DLUO en Juillet 2020, et heureusement je serai en rupture avant.

Au final, pas le choix : il faut jongler entre les ruptures de stock et les DLUO parfois trop courtes. Les ruptures de stock ne font plaisir à personne, et s’il reste des plantes après la DLUO, c’est un peu du gâchis… Il faut donc bien travailler son prévisionnel de récolte et de transformation pour éviter rupture et dépassement au maximum. Bref, pas si simple même pour un produit stabilisé hein ?

En fin de saison, on peut privilégier les plantes seules, qui sont de fait moins complexes à approvisionner : sur une tisane composée, si je suis en rupture sur 1 plante ou 2, il peut rester 3 ou 4 plantes en stock, utilisables en simples ! C’est l’occasion de tester les goûts et les mélanges de plantes à la maison.

Notez bien que l’on peut aussi produire des gros volumes de plantes avec des machines, dont le prix est moins cher, et qu’on aura moins de scrupule à jeter une fois la date limite atteinte : plus de problème de stock ! Du coup il faudrait être fou pour produire et récolter à la main non ?

Bon dépêchez-vous de commander tant qu’il reste des Préludes !

Sinon vous serez obligé de boire de la Sarriette seule et c’est vraiment délicieux…

Bilan de la saison 2019

Bilan de la saison 2019

Comme je n’ai pas beaucoup pris le temps d’écrire cette année, retour sur 2019 afin de laisser une petite trace des choses qui ont marqué ma première saison.

L’hiver

L’hiver 2018/2019 à été bien occupé par un retour à temps partiel à Toulouse, pour reprendre du service dans mon ancienne entreprise d’informatique en tant qu’ingénieur fonctionnel. En gros, j’aide des gens à concevoir des applications qui répondent bien aux besoins de leur métier.

C’est assez différent de mon travail de paysan, c’était même un peu étrange pour moi à ce moment là de retourner là bas, mais j’aurai finalement pris plaisir à retrouver des collègues sympathiques et chaleureux. Assurer un peu les débuts avec un revenu en tant que salarié, ça peut aussi faire parti de la réalité d’une installation agricole.

Le 15 mars, alors que les week-end d’hiver ont déjà été largement remplis par plusieurs séances de semis, de petits chantier d’hiver, de travail prévisionnel, et la fin des cours à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales (1), me voilà à nouveau à temps plein sur les petites feuilles.

Sous la serre à la fin de l’hiver

Financement participatif

Et le premier sujet qui va nous occuper pleinement Claire et moi, c’est la préparation et le lancement du financement participatif (2). En effet avant que la saison ne commence, il reste un problème de taille à régler : sans électricité au terrain, je suis obligé d’arroser avec une pompe thermique (moteur essence) qui pollue, fait beaucoup de bruit, consomme énormément. Je n’envisageais pas de continuer comme ça, et l’objectif était donc d’installer un système solaire pour produire l’électricité nécessaire à l’alimentation d’une nouvelle pompe électrique.

Je précise que dans notre région, l’irrigation est indispensable. Il y a des endroits où la question ne se pose pas, mais ici la pluie peut s’arrêter en mai pour ne reprendre qu’en octobre, et depuis quelques années le déficit est eau est préoccupant. Un réseau d’irrigation complet et professionnel est très important – et c’est aussi un gros investissement ! C’est un point à considérer pour les installations dans des régions peu pluvieuses.

Ce financement participatif fut une belle aventure, un joli succés grâce à toutes les personnes qui se sont investies, ont participé financièrement, par leurs partages ou leur soutien. Et grâce à Claire, qui à travaillé tellement dur sur ce projet – elle aura été à la fois réalisatrice, conseillère, chef op, directrice de la communication, et plus encore…

Tout le système fonctionne à merveille, l’irrigation n’est plus un problème et quel soulagement d’avoir pu attaquer la saison de culture dans ces conditions !

Les message d’encouragement reçus durant la campagne nous ont donné des ailes, mais toutes ces nuits blanches à travailler sur la campagne ont vidé nos batteries alors que l’on est fin mai.. et que les choses sérieuses commencent pour de vrai !

La saison au Jardin

Pendant le financement, les semis ont bien poussé et la serre est pleine ! Le travail de préparation des planches à la grelinette se termine. Il y a plein de plantations à faire, et le jardin prend vie : la magie opère partout, tout se développe, quelle sensation incroyable pour les jardiniers de voir des petites graines devenir de si belles plantes, sentir et toucher, s’enivrer de toutes ces couleurs…

Vue depuis le champ des méditerranéennes

Le plaisir aussi de recevoir de l’aide et de partager : le voisin Gilles, les cueillettes avec Claire, les copains qui passent dire bonjour et qui se retrouvent à faucher des engrais verts etc.

L’ami Antoine avec sa faux encore fumante, la bière des faucheurs volontaires à la main !

En Mai, notre premier marché s’est déroulé à domicile avec la fête de la nature organisée dans notre village. Une première expérience un peu stressante pour moi, que j’appréhendais beaucoup, mais qui s’est passée à merveille malgré une journée de pluie et de grisaille. L’occasion de se rendre compte de la nécessité de s’équiper face au vent et à la pluie !

Les couleurs des fleurs de juin au séchoir

Puis les cueillettes ont commencé à s’intensifier, et le rythme change radicalement : les journées commencent très tôt, et vers 10h il fait souvent trop chaud pour travailler dehors. Je passe alors au séchoir, et les cueillettes ne reprennent que vers 16 ou 17h. Les journées finissent tard au séchoir car il y a beaucoup de tri à faire au fur et à mesure, et les nuits sont courtes. La sieste de début d’après midi devient nécessaire pour moi !

Et ainsi s’est déroulé l’été, dans le tumulte des journées chargées, et le calme méditatif des cueillettes…

En juillet, Claire dans les bleuets

Construire la gamme

Durant toute la saison, au fur et à mesure des idées, des plantes disponibles, des envies, la gamme s’est étoffée. Il a fallu travailler sur les étiquettes, les faire évoluer plusieurs fois, réfléchir longuement aux tarifs. Beaucoup de temps travail à l’intérieur, des fois difficiles à accepter quand le jardin est magnifique et livre toute sa richesse, et que les nuits sont trop courtes, mais un travail indispensable !

Premiers contacts

Etape clef, les premières rencontres avec les consommateurs et les revendeurs. C’est très important pour moi d’avoir des retours sur la qualité, voir ce qui plait et qui plait moins, les avis sur les sachets etc. Tout ça donne envie de continuer à fond. Et pouvoir partager sur les produits et la façon dont ils sont fait, sur la différence qu’il peut y avoir entre une plante produite et récoltée tout à la main, et des productions récoltées à la machine, séchées en bacs.. expliquer les prix, parler de l’engagement, tout cela fait partie du travail !

A partir du mois du juillet, j’ai commencé à monter mon stand au marché local porté par l’association Court Circuit qui fait un super travail en faveur du développement local et du circuit court (3). C’était déjà pour moi un rendez-vous régulier pour faire nos courses hebdomadaires et découvrir les métiers des producteurs et le territoire à leur contact. C’est toujours pareil mais maintenant je dois rester un peu derrière mon stand…

Quelques beaux partenariats

Durant le financement, nous avons voulu travailler avec des artisans pour étoffer nos contreparties et partager nos coups de cœur, ainsi les sachets de thé réutilisables de Julie Verte, les bracelets Petites feuilles de MulotB (ça ne s’invente pas et pourtant c’est un hasard) et les belles tasses de Sobie graphie (sur mesure pour l’occasion celles-ci) ont rejoint les tisanes et sels aromatisés dans les colis des contreparties.

Claire a aussi réalisé dans son atelier La clef du Hérisson de superbes carnets herbier siglés petites feuilles. Comme on vit ensemble et que son atelier est à la maison, c’est du partenariat ultra local !

May de Les mots à l’affiche a proposé à Claire, qu’elle connait depuis longtemps, de concevoir à 4 mains une affiche sur les petits actes engagés, la nécessité de se rapprocher de la nature, et redonner du sens. Cette belle affiche est devenue une nouvelle contrepartie durant la campagne de financement participatif, et elle risque de se glisser en petit format dans les premières commandes lors de l’ouverture du site internet…

Une belle occasion s’est présentée de travailler avec Virginie et Léa de NowHy sur une tisane de Noël sur mesure pour un de leurs clients. J’ai pris un plaisir particulier dans cet échange, en découvrant le beau projet et l’engagement honnête et profond de Virginie et Léa (4).

Bandes organisées

Coté associatif, je suis entré au comité d’administration de l’Adear de l’Aude. Les Adear ont pour missions la formation et l’accompagnement à l’installation de nouveaux agriculteur, et plus largement la défense des valeurs paysannes. C’est riche en échanges et j’apprend beaucoup, cela permet d’être en contact direct avec les acteurs, de participer à ma mesure au développement rural.

Année chargée aussi autour du syndicat SIMPLES (5), d’abord dans le PNR des Vosges à Cornimont pour la fête des SIMPLES, qui est un grand événement de rencontres entre producteurs, professionnels, passionnés ou curieux, élus locaux etc. Cette année les bénévoles des Vosges ont assuré parce que tout était super, avec pleins d’ateliers, de balades botaniques, des tables rondes et des conférences importantes et passionnantes, un beau marché de producteur etc. Pour moi c’était une belle occasion de prendre le temps, de reprendre un peu de force auprès de collègues, de faire la fête ensemble et de repartir la tête pleine d’idées et de courage.

Un autre temps fort des SIMPLES fut l’assemblée générale qui se tenait dans l’Aude près de chez moi cette année. Un vrai temps d’échange et de travail sur de nombreux sujets du syndicat : organisation interne, retours des portes paroles, débat sur les enjeux politiques, évolution du cahier des charges etc. Et pour moi comme pour plusieurs producteurs postulant, l’AG a aussi marqué officiellement mon admission en tant que producteur dans le syndicat. C’est un système de reconnaissance par les pairs : sur la base des valeurs et du cahier des charges SIMPLES, les autres producteurs me reconnaissent comme un des leurs.

J’avais cette volonté d’appartenir à ce réseau et de travailler suivant les valeurs des producteurs SIMPLES dès les premiers pas de mon installation, c’était donc une étape importante pour moi !

Fin de saison

La gamme s’est vraiment étoffée et complétée au fil des récoltes, des essais, des retours, pour être véritablement “terminée” vers Octobre / Novembre. Je suis arrivé à proposer les mélanges que je souhaitais avoir sur cette première saison, et qui me plaisent – je ne prends jamais le courage de savourer un peu de satisfaction, mais je vais l’écrire ici : je suis super content !

L’automne aura été marqué par la communication, la préparation et l’expédition de toutes les contreparties du financement participatif, et je dois dire que c’était encore pas mal de boulot.

En fin d’année, des jolies commandes sont venues ponctuer des journées plutôt passées à faire du stock, à travailler sur l’ordinateur, en visite chez les copains, en famille.. L’hiver c’est fait pour ça, et pour faire avancer les petits chantiers qui traînent dans la tête.

Enfin, j’ai beaucoup travaillé pour la partie boutique du site sur le code et sur les photos et la présentation des produits, pour mieux présenter les produits et permettre de commander plus simplement. Mais ce sera fin prêt en février 2020 alors on déborde déjà un petit peu : )

2019 aura été chargée, riche en émotion, en découvertes et apprentissage. Tous les ans depuis 2017 que l’on apprend à jardiner, Claire et moi découvrons des choses toujours plus étonnantes, on apprend de nos erreurs et on s’émerveille de la chance de nos réussites.

Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour que l’activité agricole soit stable, viable, mais mon outil de travail se construit petit à petit, et les bases sont jetées pour une année de production suffisante à alimenter les marchés et les revendeurs en 2020. Et toucher un peu plus à mes objectifs de départ : vivre de mon travail dans cette belle région sauvage des Hautes Corbières, être acteur de la vie paysanne, et faire découvrir et profiter des plaisir et des vertus des plantes partout où c’est possible – faire un peu plus aimer la nature et donner envie de la protéger !


  1. J’ai eu le plaisir de partager mon expérience à l’ELPM dans un article d’Anne Aït-Touati sur son blog Tisane du soir qui présente différents parcours de formations en herboristerie et plantes médicinales, http://tisanedusoir.fr/formations-en-herboristerie-sept-temoignages-pour-se-faire-une-idee/
  2. La campagne de financement participatif sur la plateforme bluebees reste consultable ici : https://bluebees.fr/fr/project/534
  3. Une initiative locale d’un marché de producteur plein de bonne ambiance et de bons produits : http://court-circuitencorbieres.eklablog.com/
  4. Des kits de transition vers une consommation responsable et consciente chez NowHy.
  5. Je présentais un peu le syndicat SIMPLES là : https://www.instagram.com/p/B5cTtAih88Y/. Il se présente aussi lui même tout seul ici : https://www.syndicat-simples.org/71-2/
La construction du séchoir

La construction du séchoir

Petit retour rétrospectif sur un des gros chantiers de l’exploitation : la construction du séchoir !

Le séchoir est peut être l’outil le plus important de mon travail ! Il permet de faire sécher les plantes dans les meilleurs conditions. Sa solidité, sa praticité, le choix des matériaux, du système de séchages.. toutes ses caractéristiques sont importantes pour travailler dans les meilleures conditions et donner un produit de bonne qualité !

Du coup, avec toutes mes réflexions, il s’est écoulé plusieurs semaines entre la conception et la fin de la construction. Heureusement et comme souvent j’ai pu profiter de la participation et des conseils de nombreuses personnes.

Avant même de commencer, d’anciens producteurs m’ont donné environ 30 claies avant de déménager. La particularité de celles-ci, c’est la dimension. Au lieu de faire 100cm de large comme on le voit beaucoup, elle font 60cm.

Fabrication de claies supplémentaires pour compléter celles d’Isabelle et David

La dimension de ces claies à donc déterminée les dimensions du séchoir. Il fallait aussi tenir compte de la place disponible dans le local que j’ai à ma disposition. Pour résumer, le séchoir se compose de 4 étagères de 12 claies de 60x95cm soit un peu plus de 27m2 de surface de séchage.

Après plusieurs jours (semaines) de réflexion sur papier, la commande est passée dans une menuiserie du coin (ici on est un peu éloigné de tout, la première menuiserie est à une heure de route.. mais je ne sais clairement pas faire mes propres planches).  Une première tranche de travaux peut démarrer, dans la maison parentale dont le garage est un paradis pour bricoleur… Et l’aide de mon papa est précieuse.

 

Des bouts de bois à mesurer, couper, poncer, pré-percer, fraiser… 

Une fois tout préparé, il n’y a plus qu’à monter le séchoir en kit ! En ajoutant quand même quelques morceaux et des petites choses à mesurer et à adapter sur place.

On fabrique d’abord des “échelles”, dont les tasseaux permettront de faire glisser les claies comme des tiroirs. Ensuite il faut les fixer entre elles au bon écartement avec l’aide de quelqu’un.. parce que tout ce bois, mine de rien ça pèse un peu !

 

Et voilà un séchoir prêt à recevoir des premières récoltes !

La pièce du séchoir est un petit local du village. J’utilise un déshumidificateur puissant qui permet de maintenir l’hygrométrie de la pièce en dessous de 50% d’humidité, et de faire sécher les plantes en gardant une température toujours fraîche : c’est la meilleure façon d’obtenir un beau résultat.

C’est joli toutes ces couleurs non ? : )

Quelques données techniques suite aux question en commentaires (edit 2022)

Bois : j’ai utilisé du cèdre pour les claies et du pin pour la structure.
– Section des claies : 30x40mm
– Section des poteaux : 60x80mm
– Planches larges de 20x60mm pour maintenir les poteaux entre eux et trianguler à l’arrière et sur les cotés
– Section des glissières : 25x25mm
Verticalement, les claies sont espacées de 14cm. Je déconseille de mettre moins car les plantes peuvent prendre beaucoup d’espaces.
Il faudra compter au moins 500€ de bois, à détailler en scierie avec votre plan. Notez que les prix fluctuent beaucoup depuis 2021. Ne pas oublier de compter la quincaillerie qui peut chiffrer rapidement, notamment les équerres si vous en mettez sur vos claies (je n’en n’ai pas, sauf pour les petites réparations d’urgences).

Toiles des claies : J’ai quelques claies en tissu (toile à beurre en coton bio) qui sont très utiles pour les fleurs, mais la plupart sont en maille de PEHD monofilament. C’est très résistant. Il y a plusieurs tailles de maille, j’en ai plusieurs en fonction des plantes, il faut tester selon ses pratiques et la circulation de l’air. La toile PEHD provient de chez Diatex (compter environ 6€ le ml pour des rouleaux de 2m de large). Des commandes groupées peuvent parfois être organisées via le syndicat SIMPLES.

Déshumidificateur : il s’agit d’un modèle grand public, qui extrait 30L par jour sur une surface de 90m2. Il possède un bac de récupération de 5L, à vider régulièrement. A adapter selon votre espace, le mien est sûrement un peu surdimensionné.. Les prix ont beaucoup augmenté, il faut aujourd’hui compter entre 300 et 500€ pour un modèle similaire. Je n’ai pas de retour d’expérience sur les différentes marques, et je ne souhaite pas spécialement en mettre une en avant ; )

Les jardins de St André

Les jardins de St André

Comme il fait froid et que je m’ennuie de ne pas jardiner, j’ai décidé d’apprendre à faire des plans à l’aquarelle pour montrer à quoi ressemble (ou ressemblera bientôt) le terrain des petites feuilles !

J’ai nommé tout ça “Jardins de St André” car sur la colline juste au dessus (à l’est) se trouve une petite chapelle dédiée à St André. Voilà, pourquoi chercher midi à 14 heures j’ai envie de demander : )

Et jardins au pluriel parce que c’est comme ça que j’ai imaginé le découpage du terrain, en plusieurs jardins. Il y a plusieurs raisons : d’abord, c’est plus agréable de travailler dans des petites parcelles que des parcelles dont on ne voit jamais le bout. Les désherbages sont psychologiquement un peu plus accessibles !

La topographie du terrain imposait aussi certaines contraintes : tout le terrain est en longueur, le jardin D est surélevé au dessus d’un muret, il faut pouvoir passer en véhicule entre les jardin A et B etc. Bref tout ceci s’est fait aussi un peu naturellement. Et puis bon, c’est sympa d’avoir plusieurs jardins !

Une autre raison, c’est que pour piloter l’irrigation, il est plutôt intéressant d’avoir réparti les plantes en fonction de leur besoin en eau. On arrosera donc plus souvent un jardin, plus rarement un autre. 

Récolte de Verveine dans le jardin B

Cela permet aussi de tester plusieurs techniques de jardinage, avec des planches plus ou moins larges, paillées ou non, désherbées à la main ou entretenues à la binette etc.

Les tous premiers rangs dans le grand jardin des méditérranéennes

La cabane et la serre ont trouvé leurs places à des endroits assez plats, en haut du terrain (le plus éloigné possible de la rivière, dont il faut toujours se méfier…), et ont une position assez centrale sur le terrain.

Bientôt, j’espère pouvoir installer des panneaux solaires proches de la cabane pour remplacer ma pompe thermique et apporter de l’eau proprement à toutes mes cultures. Ça donnera à peu près quelque chose comme ça !

La bataille du champ

La bataille du champ

L’installation d’une exploitation agricole est un long processus, chaque installation est unique, mais les gens qui s’installent hors cadre familial, qui créent une ferme sans avoir de terres, connaissent tous cette étape compliquée : trouver l’endroit.

L’endroit où l’on va passer ses journées, mettre toute son energie à imaginer, à modifier, à planter, à embellir, à améliorer le sol, à projeter ses envies et ses espoirs : l’endroit où l’on va jardiner. Créé un jardin est une experience unique, elle s’inscrit dans le temps et l’espace.

Trouver son jardin est un des moments les plus important et les plus enthousiasmant.

Accessoirement, il peut parfois se transformer en parcours du combattant…

Début 2017, après 7 années de loyaux service dans le secteur de l’informatique industrielle, je quitte mon travail pour venir m’installer avec Claire à la campagne. Sans projet. C’est un peu périlleux, il y a 6 mois en arrière, nous n’imaginions pas quitter Toulouse, trop attachés aux avantages de la vie en ville, les cinémas, les concerts, les sorties, les musées (haa les musées..), les petites terrasses de café, les compagnons de luttes, les projets dans tous les sens. Peut être un trop plein de bruit, de pollution, de foule, trop de politiques malsaines, la disparition des petits commerces au profit des grands magasins, une perte d’identité, un changement dans l’air. Et puis une possibilité de venir s’installer ici, dans la montagne. Environ 5 secondes d’hésitation partagée à deux ont fait basculer notre histoire. Nous voilà, néo ruraux , des péluts !

Dès notre arrivée, nous avons passé beaucoup de temps au potager, un petit jardin prêté par des gens adorables du village. On y fait nos premières expériences de jardinage, et le plaisir est immédiat, on apprend tous les jours, et pour moi naît le besoin de céder à cette attirance qu’exercent sur moi depuis longtemps les plantes médicinales. 

Alors fin 2017, je commence à dessiner mon projet de culture de plantes aromatiques et médicinales. Pour commencer l’aventure, il fallait un terrain assez grand pour y envisager une production importante. 

Chercher un terrain

J’ai donc commencé à regarder les cartes du coin, à étudier le cadastre (d’abord sur l’horrible www.cadastre.gouv.fr avant de découvrir l’outil magique www.geoportail.gouv.fr) à visiter un grand nombre de parcelles à pied, à me projeter dans différents endroits.

Le quotidien du jeune agriculteur : le cadastre !

En discutant, en faisant le tour du village et des environs, j’ai trouvé plusieurs jardins ou parcelles à l’abandon, des terres potagères qui ne sont plus exploitées depuis plusieurs années, bien positionnées, avec un bon potentiel, mais les propriétaires ne sont plus là, ou ils sont agés, et la nature reprend ses droits petits à petit. Pour les gens du village, c’est triste de voir ces parcelles se refermer, alors soutenu par certains habitant nostalgiques, l’idée de faire revivre tel ou tel jardin animait mon projet régulièrement.

Chaque fois, la liste des qualités et des défauts, sur l’accessibilité, la présence d’eau, la qualité du sol etc. rendaient chaque possibilité unique et différente. Il faut beaucoup d’énergie pour se projeter dans toutes ces possibilités, et les explorer toutes en parallèles. J’ai souvent oscillé à ce moment là entre deux philosophies : garder de la distance avec chaque idée envisagée, pour se préserver des déceptions qui sont fatiguantes, ou mettre toute mon énergie sur l’option préférée pour faire basculer la balance. J’ai tenté de trouver l’équilibre entre les deux façons de penser.

Rapidement, il faut trouver à qui appartiennent les parcelles, toujours très découpées et donc avec plusieurs propriétaires, dont beaucoup vivent ailleurs, sont absents, injoignables. Parfois le cadastre n’est pas à jour, des gens ignorent qu’un terrain leur appartient, ou ne leur appartient plus, ou que la limite est ici ou là… un vrai casse tête !

J’ai passé plusieurs semaines à tenter de convaincre des propriétaires de me louer des parcelles pour y commencer mon projet. J’ai expliqué pourquoi et comment, j’y suis allé avec un super dossier de présentation détaillant les différents aspects du métier et de mon projet, ça a plu à tout le monde, les gens étaient enthousiastes, et puis non, impossible de réunir assez de réponses positives pour avoir quelques parcelles attenantes. J’ai eu des réponses très positives mais surtout des non réponses : « alors oui mais faut voir » ou « d’accord mais juste un an », ou « oui mais pas de suite ». Et puis quelques refus, certains voulaient faire un potager, ou un verger collaboratif, là où rien n’avait était envisagé depuis des années.

Sur le moment j’ai été déçu de ces réactions mais j’ai vite revu ma façon de penser. Les gens tiennent à ces terrains familiaux, ils n’ont pas franchement envie de les voir accaparer par des gens qui débarquent et qu’ils ne connaissent pas, et veulent pouvoir les exploiter plus tard s’ils ont envie. Ces terrains sont les leurs et il est parfaitement légitime de dire « non sans façon », même sans raison.
Bon au fond j’aurais quand même sincèrement aimé que les projets de potagers et les vergers viennent effectivement faire revivre ces parcelles, car elle restent encore aujourd’hui abandonnées.

Et voilà comment les différentes idées se sont évaporées les unes après les autres.

Trouver un terrain

Mon meilleur des plans était de procéder en deux temps, sur des terrains de part et d’autres de la rivière : des anciens jardins attenants d’un coté, et un terrain beaucoup plus grand de l’autre. Le grand terrain était largement suffisant mais contrairement aux jardins, beaucoup moins facile à travailler. Utilisé en prairie pour des chevaux, le sol est brouté, tassé, et sans culture depuis au moins 40 ans. Alors que les jardins ont une terre limoneuse plus aérée, plus riche, un peu plus à l’ombre et semblaient parfait pour commencer petit, et enchaîner les engrais verts de l’autre coté de la rivière pour améliorer la structure et les qualités du sol.

Les grand terrains appartiennent en grande partie à la commune, qui avait la volonté de voir s’installer un agriculteur sur ces parcelles et qui me suivait dans le projet, alors cela s’est fait naturellement.

Mais les refus successifs pour les jardins m’ont forcé à commencer directement sur le grand terrain…

Mais heu… c’est super grand, y’a rien et c’est tout tassé !

Alors je me suis inspiré de ce que j’ai appris de mes lectures et de mes rencontres : j’ai pris le temps d’observer le terrain, de le parcourir et de le regarder sous toutes les coutures, à différents moments de la journée. Il faudrait le faire encore et encore, et toujours plus. Certains disent qu’il faut observer pendant un an, souvent ça me fait un peu rire, ne rien faire pendant un an, qui à la luxe de pouvoir faire ça ? Pourtant si c’était possible, ce serait vraiment un bon conseil : si j’avais pu voir le soleil évoluer sur les parcelles au fil des saisons, je n’aurais peut être pas couper cet arbre qui semblait gêner. Si j’avais pu voir la pluie torrentielle du mois d’avril s’abattre sur la colline et déverser un torrent de boue vers le bas du terrain, je n’y aurais pas planter toutes mes sauges 😀 

Mais bon, je crois qu’on apprend autant en faisant. Au pire on y perd un peu d’énergie, mais de toute façon je n’avais pas la patience pour attendre. Mais surtout, le travail me semblait titanesque pour commencer à cultiver ici… Avec juste une grelinette, une pelle et une pioche, je me suis senti un peu seul ! 

“A vu d’oeil il doit y avoir 12 hectares!”

Mais bon les dès sont jetés, le terrain est beau, il est à 10 minutes à pied du village mais très isolé.

Il est assez grand (environ 6000m2) pour commencer une belle exploitation, et le fait que tout soit à créer est à la fois un peu inquiétant et motivant.

Maintenant, place aux chantiers successifs nécessaires pour bien s’installer : un premier griffage du sol, des semis d’engrais verts, la pose d’une clôture, des chantiers avec les copains…

Que du bonheur, car nous avons un terrain !

 

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